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2 juillet 2014 3 02 /07 /juillet /2014 15:55

Il y a quelques semaines est paru le dernier roman en date de Paul Colize, L’avocat, le nain et la princesse masquée. Après La troisième vague, Back up et Un long moment de silence, Colize renoue avec une veine qui avait été la sienne avant. Une veine plus légère, un roman jouant avant tout sur le rythme et les rebondissements mais où l’humour du romancier peut également s’épanouir. Cet humour mis en sommeil lors des dernières intrigues qu’il a écrites. Hugues Tonnon pourrait être un cousin du Laurent Baltard de Sun Tower ou d’Antoine Lagarde, croisé dans Le valet de cœur ou Le baiser de l’ombre. Comme nombre de personnages principaux chez Colize, il pourrait même être Colize lui-même.

 

Hugues Tonnon est avocat à Bruxelles. Il est spécialisé dans les divorces. Contrairement au Milo Milogradovitvh de Crumley, la légalisation du divorce par consentement mutuel n’a pas tari son gagne-pain, bien au contraire, il en vit plutôt pas mal. Il faut dire qu’il agit pour le bien de ses clients, essayant de gagner ce qui s’apparente à un combat, une L'avocat, le nain et la princesse masquée (Manufacture delutte économique, pour obtenir le plus d’argent possible, ou en perdre le moins… Il est sans scrupule et, à défaut d’être devenu l’avocat pénaliste qu’il rêvait, il s’est fait une réputation en attisant les différends entre futurs ex-conjoints.

Le secret de ma réussite ne tenait pas à ma bonne connaissance des rouages de la justice belge, mais plutôt à la mise à profit des lacunes du Code civil et des vides juridiques.”

La réputation d’Hugues Tonnon n’étant plus à faire, il attire beaucoup de monde et du beau monde. La dernière en date, en ce lundi 22 août 2011, n’est autre que Nolwenn Blackwell, le top model belge. Sa démarche n’est pas ordinaire, sur le point d’épouser un riche capitaine d’industrie français, elle a vu ce projet singulièrement battre de l’aile quand son fiancé a été surpris, par un paparazzi, en compagnie d’une stripteaseuse au bord de sa piscine. Nolwenn Blackwell veut casser la réputation de son ex-futur mari et obtenir de lui un maximum. De fil en aiguille, l’entretien professionnel entre l’avocat et sa future cliente se poursuit au restaurant et s’achève dans l’appartement de cette dernière de manière assez torride. Malheureusement, le lendemain, Tonnon est réveillé par la police belge, la top model a été assassinée et il est le dernier à l’avoir vu vivante… L’avocat est dans de sales draps, d’autant que l’enquête est menée par un flic du nom de Witmeur dont il a défendu l’épouse lors de leur divorce.

 

Hugues Tonnon est emporté dans une spirale qui va le conduire à Paris puis en Afrique du Sud, à Casablanca et Alger. Un avocat en perdition. Un avocat qui mène l’enquête, à la première personne, faux-coupable comme d’autres avant lui (chez Hitchcock ou chez Colize).

Notre attachement aux lois n’était qu’un masque au travers duquel nous cherchions à comprendre les motivations de ceux qui les transgressaient. Lorsque nous plaidions, nous nous couvrions de nos atours, robe, cravate, et nous nous dissimulions derrière nos belles phrases et nos manœuvres de séduction. Nous ne faisions pas les lois mais nous étions là pour les interpréter et les faire appliquer. Lorsque la tension et le stress diminuaient, nous aimions retrouver l’être amoral qui sommeillait en nous. A notre tour, nous transgressions les règles pour nous vautrer dans l’inconduite et l’intempérance.

Comme souvent chez Colize, l’intrigue s’enrichit de voyages ici ou là, de rencontres plus ou moins improbables entre des personnages pas toujours bien assortis. Ainsi, l’avocat est accompagné à partir d’un moment par une journaliste française, Christelle Beauchamps, s’amusant de ses manies de vieux garçon et de ce vocabulaire de prétoire, quelque peu ampoulé, qu’il a fait sien.

L’univers de l’écrivain se rappelle à nous au travers de tableaux de Klimt ornant certains murs, de choix musicaux baignant l’atmosphère de l’intrigue débutante. Rejoignant Sun Tower qui était, de mon point de vue, un hommage à un certain cinéma, notamment celui de Sir Alfred Hitchcock, la référence est ici explicite au travers des titres de chapitre qui ne sont plus les derniers mots de celui-ci mais des titres de films célèbres.

Colize évolue et, pour cela, il adopte ce ton léger qui était le sien quelques années auparavant. Un ton léger au service d’une intrigue documentée, comme d’habitude, et soulevant quelques questions qu’il est bon de se rappeler en ces temps de coupe du monde footballistique… Un roman en plein dans l’actualité. Et ancré dans son époque, la relation entre un top model et un capitaine d’industrie plus petit qu’elle en rappelant une autre…

 

En refermant les pages, on peut se dire qu’il s’agit là d’un roman mineur, un roman mineur dans la bibliographie de Paul Colize. Mais c’est un roman qui atteint son but, nous distraire, nous faire passer quelques bons moments de lecture en nous faisant sourire. Un roman qui n’a pas la force et l’impact de ceux que je citais plus haut mais qui s’inscrit parfaitement dans l’œuvre du romancier et qui, même parmi ses intrigues plus légères, montre une qualité en constante progression.

 

On ne peut exiger d’un écrivain qu’il se livre constamment, comme Colize l’avait fait dans son livre précédent. Son évolution est aussi ce qui rend un auteur intéressant… avec Paul Colize, on est servis. Et son prochain livre, s’il continue au même rythme, devrait nous parvenir à la fin du printemps ou au début de l’été 2015.

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13 mars 2013 3 13 /03 /mars /2013 14:06

Paul Colize nous revient avec un nouveau roman. Intitulé Un long moment de silence, il est publié, comme le précédent, par La Manufacture des Livres.

Ce roman arrive un an après  Back Up, le dernier ouvrage de l’écrivain, qui a rencontré un succès tant critique que public… On peut imaginer qu’il n’est pas évident d’envisager un roman après celui-là. Mais, pas besoin d’imaginer, il faut lire pour se rassurer, Colize ne s’est pas dissous dans le succès. Il ne s’est pas édulcoré, bien au contraire, cette reconnaissance semble l’avoir encouragé à aller plus loin, à nous offrir un roman encore plus exigeant. Plus dérangeant. Plus personnel.

Après avoir exploré le trafique de tableaux, les années soixante et leur musique, un fait divers, le romancier avance encore, il se coltine à un sujet plus délicat. Il l’affronte et le mêle à un autre tout aussi difficile.

C’est un roman fort, âpre, que ce long moment de silence. Un roman dérangeant.

 

Le personnage principal, celui qui est le moteur de l’intrigue, la raison d’être de l’histoire, est un cousin d’Antoine Lagarde. Un double de l’écrivain. Pas un double fidèle, mais un avatar, un personnage qu’il pourrait être si… Stanislas Un long moment de silence (La manufacture des livres, 2013)Kervyn est l’auteur d’un livre qui explore un attentat commis en 1954 au Caire. Un attentat connu sous le nom de “la tuerie du Caire”. Un attentat dont son père a été l’une des victimes.

Kervyn subit, dans les premières pages, les questions d’un journaliste lors d’une émission télévisée. Il les subit, encouragé en coulisse par son éditeur, Pierre… Toute ressemblance avec une certaine réalité n’est sans doute pas fortuite. Il subit cette émission qui va relancer sa recherche, la remettre en question. Un appel anonyme déclenche ce nouvel élan d’une enquête dans laquelle Kervyn s’est investi depuis des années. Un bouleversement. Kervyn en était arrivé à la conclusion que cette tuerie avait pour cible l’une des victimes mais l’identité de cette victime lui avait échappé.

Ce personnage principal est un chef d’entreprise, une entreprise de hackeurs qu’il dirige tyranniquement, le seul vrai management selon lui. Kervyn est plutôt antipathique, refusant tout affect, tout sentiment. Odieux la plupart du temps, en butte contre tous… Abîmé.

La perte d’un père, la recherche du pourquoi de sa disparition, nous sommes en terrain connu. Ce thème revient régulièrement dans l’œuvre de Colize et confirme la parenté entre Lagarde et Kervyn. Là où Lagarde exerçait une profession proche de celle de l’auteur, Kervyn pratique l’écriture…

 

En parallèle de cette quête de Kervyn, de nos jours, une autre histoire s’imbrique. Une construction qui rappelle celle du Baiser de l’ombre ou encore de Back up.

L’autre histoire court sur le vingtième siècle et plus particulièrement sur sa deuxième moitié, celle de l’après-guerre, de l’après solution finale. Période qui tente de se relever de ce crime effroyable. Cette autre histoire explore les conséquences sur les victimes et nous interroge sur la notion de mal. Il l’explore au travers de la trajectoire de Nathan Katz. Un sentiment de malaise règne dans ces pages. Pour répondre au mal organisé, programmé, une autre organisation se met en place. Une organisation radicale qui poursuit les nazis ayant échappés à la justice, ayant réussi à fuir les procès, et qui se cachent. Une organisation qui les pourchasse et exerce sa propre justice. Radicale. Comme dans d’autres livres de Colize, Le valet de cœur notamment, la notion de vengeance est interrogée. Et l’on n’est pas à l’aise dans son fauteuil en lisant ces pages, en accompagnant cette organisation de tueurs, pas à l’aise dans ses certitudes, questionnant une nouvelle fois nos convictions les plus profondes… Et si ça nous était arrivé ?

Comme le dit Jorge Viñuales, cité par l’auteur : “Au-delà de ce qui peut être pardonné par l’homme, s’étendent les plaines du mal radical, mal qui dépasse aussi tout châtiment humain. […] Que faire alors ? Peut-on envisager de punir ou de pardonner la volonté qui incarne le mal radical ? Peut-on véritablement rendre justice ?

Colize ne nous facilite pas la tâche. Il y a une exigence, il faut s’impliquer, s’interroger, il ne faut pas attendre de lui des réponses toutes faites, rassurantes.

 

Le style de l’écrivain est toujours là, précis. Ironique. La peinture, les voyages, ponctuent toujours l’action.

Les deux histoires imbriquées dans la construction vont bien sûr se révéler liées. Et, au travers de la perte du père, de la recherche du pourquoi de sa disparition, se dessine le portrait d’une mère… Une mère et les événements qui ont forgé son destin.

C’est un roman fort car intime. Un roman qui ménage son suspens mais qui, de mon point de vue, n’est pas le thriller annoncé sur la couverture, il s’agirait plutôt, de nouveau, d’un roman noir. Noir comme l’histoire qui donne sa couleur à notre société.

Paul Colize nous offre une histoire où il s’implique, il se livre, tout en nous forçant à un effort… Un roman exigeant. Troublant et, en définitive, marquant. Un roman qui provoquera des réactions, un roman tout sauf tiède.

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26 février 2012 7 26 /02 /février /2012 17:36

Le dernier roman de Paul Colize est titré Back Up… C’est un roman noir, c’est annoncé sur la couverture. Mais avant d’être, ou tout en étant, un roman noir, c’est un roman de Paul Colize.

On retrouve avec plaisir son écriture, ses titres de chapitre qui en annoncent invariablement les derniers mots. On retrouve le plaisir qu’a Colize d’écrire et de nous offrir une intrigue travaillée, une construction élaborée qui joue avec nous, qui fixe notre attention en alternant les points de vue, à la première ou la troisième personne, ou omniscient derrière le déroulement des événements. Qui joue avec les époques, l’année dernière, ou celle d’avant, et les années 60 et leur déferlante rock qui avait pris naissance dans la décennie précédente.

Paul Colize nous offre une version toute personnelle de cette décennie et de son “sexe, drogue et rock’n roll” qui ne s’est pas arrêté avec la venue des années 70… Cette version est noire, particulièrement noire, elle nous donne une vision différente, désaxée, sur une période qui peut être mythique pour certains, qui est en tout cas historique (ça file un coup de vieux à d’autres, non ?).

Chez Colize, la drogue ou le rock’n roll deviennent inquiétants, flippants. Car c’est une manière toute personnelle qu’a Colize de célébrer le pouvoir de la musique, la puissance du son…

 

Nous suivons les trajectoires de plusieurs personnages. Un groupe de musiciens comme il en existait beaucoup au milieu des sixties, un groupe anglais, un groupe de rock, décimé sans raison apparente. Un autre musicien, un batteur Back Up (2012)belge, qui fuit l’armée puis la police, qui dégringole. A travers ces trajectoires et les enquêtes qu’elles suscitent, nous parcourons les années en côtoyant les individus en marge qui rêvaient d’un monde meilleur, d’un monde différent et ne voulaient pas de celui qu’on leur offrait, en côtoyant les milieux musicaux et leur déglingue, leur jusqu’au-boutisme dans toutes les expériences qu’il leur était donné de vivre… La drogue coule à flot, la musique devient une religion, le rock’n roll déchaîne les passions et un monde va passer près de l’explosion…

Les différents points de vue enrichissent la peinture de l’époque. Elle est vue sous des angles variés, avec pour épicentre la musique. La musique et les passions qu’elle a provoquées, chez les spectateurs ou spectatrices. La musique et les vocations qu’elle a suscitées. La musique et la récupération inévitable qu’elle a générée, son pouvoir sur les foules présentant un attrait pour nombre de personnes plus ou moins bien intentionnées.

 

Vous l’aurez compris, Colize explore l’influence de la musique et du son sous bien des aspects… Son ouvrage n’a pourtant rien de théorique. Il nous offre une intrigue prenante, il nous offre, comme à son habitude, des personnages particulièrement réussis, des personnages en marge que l’on a l’impression d’avoir croisés. Que l’on est sûr d’avoir croisés une fois le livre refermé, tellement ils sont fouillés, réels, pleins de zone d’ombre, de doutes.

Et puis, Paul Colize nous gratifie de clins d’œil avec, par exemple, l’évocation de l’objet central de l’intrigue de son roman Le baiser de l’ombre, lors d’une visite de musée. Et d’ailleurs, bien que, vous l’avez compris, la musique soit le centre du roman, la peinture est toujours présente, autre signature du romancier, amateur de cet art. Nous voyageons de nouveau, de Bruxelles à Paris, de Londres à Berlin, de Montreux à Vienne ou New York…

 

C’est bien un roman de Paul Colize, un roman noir.

Noir, car nous suivons des itinéraires qui sombrent petit à petit… nous suivons des individus qui se perdent, volontairement ou victimes d’une société de laquelle ils se sentent de plus en plus étrangers, à l’image de cette musique qu’ils ont aimée et dont ils s’éloignent, en regrettant son évolution ou l’arme qu’elle peut devenir… A l’image de ces disparitions qui jalonnent notre parcours au travers des pages.

Un roman noir car il en devient paranoïaque… et nous donne envie d’en réécouter la bande-son, l’esprit peuplé de nouvelles images pour accompagner ces morceaux évoqués au cours de la lecture et listés en fin de livre.

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9 octobre 2011 7 09 /10 /octobre /2011 17:25

Il aura donc fallu attendre son cinquième opus pour que j’ouvre un roman de Paul Colize. Comme je l’ai déjà dit, j’avais croisé sa prose au travers de nouvelles en ligne, accessibles facilement. Je l’avais croisée avec un certain plaisir tellemeFenêtres sur court (2007)nt les textes de Colize donnent l’impression d’une simplicité, d’une complicité, qui doit sans doute beaucoup au travail.

Entrer dans l’univers de Paul Colize par les nouvelles peut d’ailleurs être une bonne idée. Lisibles en ligne pour certaines, elles ont été éditées pour d’autres et nous donnent à voir ce qu’il nous offre. Des personnages savoureux, dont on sent qu’il a pris un certain plaisir à les croquer, des histoires où l’on perd pied tout comme ces fameux personnages. Je pense, par exemple, au recueil Fenêtres sur court qu’il a commis avec d’autres et qui est paru en 2007 chez MMS, nouvelle étape de son parcours éditorial.

 

Prisant plus particulièrement les romans, je vais reprendre le fil de l’évocation de son œuvre avec le suivant, paru également chez MMS en 2007. Sun Tower m’est apparu comme un exercice de style, élégant, certes, mais ressemblant à un jeu. Une récréation, peut-être, pour Paul Colize qui venait de commettre Quatre valets et une dame et avait sûrement besoin de s’éloigner un peu d’une certaine noirceur et d’aller se reposer sous le soleil, monégasque pourquoi pas. Comme entrée dans son univers romanesque, ce fut un plaisir mitigé, comme je l’ai dit ailleurs, le plaisir de découvrir un auteur intéressant pas le biais d’une œuvre légère…

Voici ce que j’écrivais justement :

Voilà un roman qui me laisse une impression en demi-teinte. L'impression de passer à côté de quelque chose ou, en tout cas, de n'avoir pu le savourer pleinement, à sa juste valeur.

Je l'avais feuilleté dès qu'il avait atterri chez moi et à la lecture des premières pages, je m'étais dit que cela laissait présager de bons moments. Je l'avais mis de côté, poursuivant ma lecture du moment.Sun Tower (2007)

Sa lecture m'a finalement laissé une impression différente de celle que j'attendais.

C'est une histoire classique, un type qui se retrouve embringué dans une aventure qui le dépasse. Bousculé, il se démène tant bien que mal pour s'en sortir. Une sombre histoire de meurtre dans le milieu de la haute finance, des grosses holdings et des grands patrons. On l'a lu cent fois, ou du moins en a-t-on l'impression. Le parcours semble balisé, bien balisé, bien maîtrisé. Les rebondissements sont là, la dose de méchanceté, de roublardise et de naïveté. Tout y est, on a l'impression d'être dans un de ces brillants thrillers états-uniens, avec son pesant de clins d'œil vers Hitchcock (c'est peut-être Monaco qui m'y a fait penser le plus).
Mais il n'y a pas que ça dans ce roman. C'est mon premier Colize (en dehors des nouvelles que l'on peut lire sur le site ou le forum) et j'ai découvert un ton particulièrement plaisant. Le sourire vous quitte rarement à la lecture de ses pages, même quand l'intrigue se fait plus sérieuse. Il y a de petites perles disséminées ici et là (chaque personnage d'abord décrit pas sa taille, l'hyperhydrose du personnage central, les conseils de son patron qu'il se remémore régulièrement). Des personnages que l'on jurerait avoir déjà croisé, ici ou là, sur ce forum même (passion du cinéma, passion de percer pour la jeune journaliste). Un recul qui donne toute sa saveur au bouquin. On ne s'ennuie pas, on parcourt tout ça avec légèreté.

L'impression de demi-teinte, mitigée, est sans doute due au fait qu'avec ce ton, ce style, on se prend à imaginer ce que pourrait donner une histoire moins balisée, plus surprenante...

Je le répéte, Sun Towerest un livre que l'on prend plaisir à lire, une entrée en matière qui donne envie de lire d'autres Colize.

 

Après cette première lecture, j’attendais le roman suivant. Le ton, le style, m’avaient plu, c’est souvent suffisant pour revenir vers un auteur. Et j’y suis revenu. Avec d’autant plus de plaisir que cette fois, son ton léger se mariait à une histoire beaucoup plus sérieuse, sombre… proche de pas mal d’auteurs que je prise. Paul Colize avait décidé de s’attaquer à un fait divers, de s’en inspirer pour nous offrir une histoire prenante. Un fait divers qui avait connu deux La troizième vague (2009)vagues et dont Colize imagine la troisième.

Avec cette troisième vague, parue en 2009, il s’agit une nouvelle fois d’un thriller, genre dans lequel il s’ébat avec une certaine élégance. Mais un thriller marqué par des tueries qui ont ébranlées le royaume d’où nous vient Colize.

Nous suivons Vassili qui, pour la mémoire d’un ami, va s’improviser enquêteur et frôler plus d’une fois la correctionnelle ou pire. Nous tournons les pages à un rythme soutenu, poussés ou tirés par l’envie de connaître la suite et la fin.

Cette fois, j’ai eu la sensation que le style, le ton, et le sujet se mariaient plutôt pas mal pour nous donner une œuvre dont on peut se souvenir…

L’édition est, de plus, étoffée d’un dossier bien documenté venant compléter, étayer, la variation autour d’un fait divers que nous propose Paul Colize. J’en ai également parlé .

C’est aussi une nouvelle étape dans le parcours de Colize avec un nouvel éditeur, la petite fabrique de polar que sont les éditions Krakoën l’accueille en son sein.

 

Comme nous le voyons en parcourant l’œuvre de Paul Colize, il est en constante évolution, nous proposant à chaque fois un roman différent, un nouveau point de vue sur ses centres d’intérêt, ses préoccupations.

Avec Le baiser de l’ombre, il confirme cette volonté, cette envie de changer. Et de partager.

Nous retrouvons à l’occasion de ce septième roman un personnage que certains de ses lecteurs avaient déjà rencontré, Antoine Lagarde, celui de Quatre valets et une dame. Il va de nouveau se trouver embarqué dans une Le baiser de l'ombre (2010)intrigue rocambolesque aux multiples rebondissements. Et nous allons le suivre avec plaisir… D’autant plus de plaisir qu’avec ce roman m’est apparu plus clairement l’un des aspects majeurs de l’œuvre de Colize, son intérêt pour la documentation. Le travail que j’évoquais plus haut quant au style est également très présent dans cette volonté de ne pas raconter n’importe quoi, de s’imprégner des lieux et des sujets évoqués. Avec Paul Colize, vous apprenez en vous distrayant. Avec Le baiser… vous connaîtrez un peu mieux Klimt, vous pourrez briller dans les dîners en ville. Ou, comme pour moi, vous pourrez passer un bon moment tout en satisfaisant votre curiosité.

Curiosité qui n’est pas le moindre défaut de Lagarde. Au final, Colize tout en nous dépaysant et nous offrant un bon bol de suspens, d’aventures, nous présente les bons et les mauvais côtés de cette curiosité.

J’en ai aussi parlé par ici.

 

Depuis 2010 et Le baiser de l’ombre, Paul Colize a accordé à ses fidèles sur le tard une séance de rattrapage en publiant une nouvelle version de Quatre valets et une dame. Antoine Lagarde dans ses premières aventures, cette fois intitulées Le valet de cœur.

Le valet de coeur (2011)C’est un retour en arrière mais un retour intéressant puisqu’il nous permet de connaître un peu mieux ce Lagarde si sympathique, si rassurant, avec tous ces défauts qui le rendent si proche de nous.

Alors que pour le baiser, il se laissait entraîner par sa curiosité à la suite de la mort du père de sa maîtresse du moment, nous le suivons cette fois alors que son propre père vient de décéder. Il se méfie de sa curiosité et se débat avant tout avec sa propre histoire, histoire qui le poussera malgré lui à se pencher sérieusement sur le passé de son paternel.

C’est encore une fois une lecture agréable, avec des héros particulièrement bien vus, bien décrits, si familiers ou pouvant le devenir. Des héros si intéressants qu’on en deviendrait gourmand et que je me suis pris à regretter que Colize ne se soit pas attardé autant sur chacun, notamment sur Janice, qu’il ne l’a fait pour Antoine. Avec cet auteur, on en veut toujours plus.

 

Le valet de cœur est, à ce jour, le dernier roman de Paul Colize, le troisième paru aux éditions Krakoën. Après l’auto-édition des premiers, il a intégré un circuit plus classique… Et ce n’est pas fini puisque le prochain Colize est annoncé aux éditions de la Manufacture de livres. Un auteur en évolution permanente, exigeant pour nous offrir un roman différent à chaque fois et qui évolue aussi dans son parcours éditorial. Quand je vous disais qu’il ne pouvait que nous intéresser.

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27 août 2011 6 27 /08 /août /2011 14:51

Exercice nouveau, original, pour moi. Pas vraiment confortable. Exercice que je ne reproduirai certainement pas souvent. Peut-être jamais. Mais je me suis fixé la présentation de l'ensemble du parcours d'un écrivain et je veux m'y tenir... Du coup... Je vais entamer la description du parcours d’un écrivain en vous parlant de romans que je n’ai pas lus… Je sais, "c'est pas bien", mais je passerai ensuite à ceux que je connais.

 

Ça a démarré de manière assez particulière, singulière, pour Paul Colize. Comme il le dit dans son entretien accordé à Les sanglots longs (2001)Polarnoir, ça a commencé comme un pari, une envie de coucher sur le papier pour garder en mémoire une étape importante de sa vie. De sa vie professionnelle. Ça a commencé avec Les sanglots longs en 2001.

Après tout, l’écrit et le livres n’ont-ils pas eu comme destination première la préservation de la mémoire. D’une certaine mémoire. Et pour préserver cette mémoire, Paul Colize se penche sur son proche passé, le couche sur le papier en lui donnant un aspect très personnel. Il travaille son style, affûte ce qui va évoluer sans cesse d’un livre à l’autre, sa manière de rapporter les événements. J’ai lu quelques pages, les premières de ce roman. Je les ai lu sur écran et ce type de lecture n’étant pas vraiment agréable, j’avance lentement, en alternant avec ce bon vieux papier en voie d’extinction…

 

Après ces débuts personnels, Colize s’évade, s’échappe, et nous propose tout autre chose. Avec Le seizième passager (2002), il installe ce qui sera sa manière de faire d’un roman à l’autre, ce qui peut en faire sa marque de Le seizième passager (2003)fabrique. Il n’est pas le seul dans ce cas mais il fait bien partie de ces auteurs pour qui l’écriture d’un roman passe par une documentation rigoureuse.

On le sent sans que cela ne soit pesant car l’une des autres qualités de Paul Colize est le plaisir communicatif qu’il a à construire un roman, à inventer des personnages, à nous les rendre familiers en deux temps trois mouvements. Des personnages globe-trotters, de vrais européens, parcourant le continent d’un bout à l’autre et s’en échappant même souvent.

 

Le plaisir communicatif dont je parlais devient plus que sérieux puisque Paul Colize récidive un an après Clairs obscurs (2002)avec un nouvel opus. Il écrit et rencontre un lectorat attentif. Il faut dire qu’avec Clairs Obscurs, il confirme. Il confirme ce talent à décrire des personnages, à allier propos sérieux et style léger, enlevé. Il y a un mariage assez élaboré dans ses intrigues entre ce côté humoristique et l’aspect plus grave du sujet traité.

Pour continuer avec son exploration de l’Europe, Colize débute cette fois son histoire à Moscou. Il concocte une fois de plus un enchaînement prenant… d’après ce que j’en ai lu ici ou là, bien sûr, car comme pour le précédent roman, il n’a jamais été entre mes mains et son tirage en est épuisé…

 

C’est en 2005 qu’arrive le quatrième roman de Paul Colize. Quatre valets et une dame va plaire une nouvelle fois. Une intrigue et un suspens rondement menés, des personnages une nouvelle fois bien décrits, attachants, que l’on Quatre valets et une dame (2005)comprend en quelques lignes.

Antoine Lagarde va une fois de plus être un voyageur, un peu forcé, un enquêteur pas vraiment naturel. Au profil d’ailleurs plus proche de son auteur, un conseiller pour cadres en mal de confiance ou d’efficacité.

Je n’ai pas lu cette version mais Paul Colize en proposera une nouvelle, revue et corrigée, en 2011, éditée cette fois chez un éditeur plus classique. En effet, ces quatre premiers romans ont été édités à compte d’auteur. Colize prend du plaisir à être lu, à écrire, mais pas forcément à laisser dormir longtemps un roman qu’il pense abouti… Il ne s’est pas embêté, pour commencer, avec les circuits habituels, il y est venu petit à petit.

 

Ces quatre premiers romans sont désormais des pièces de collections puisqu’ils sont épuisés et que leur réédition n’est pas envisagée pour l’instant.

Le roman suivant de Paul Colize est dans ma bibliothèque, c’est par celui-là que j’ai commencé ma découverte de son univers. Et c’est par celui-là que je poursuivrai mon parcours de son œuvre.

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21 juillet 2011 4 21 /07 /juillet /2011 10:55

Il a bien fallu qu’il arrive chez moi pour que je vous en parle.

Il est arrivé sans se presser, sans cheval et sans chapeau… mais pas loin.

 

C’était il y a quelques temps. Je commençais à me pencher sérieusement sur le roman noir, sur le polar. J’en avais fini avec Fantômette, le club des cinq ou le clan des sept, voire Agatha Christie, depuis longtemps, j’étais passé à autre chose. J’avais lu ce qui m’était imposé à l’école, au collège puis au lycée, tout en essayant d’explorer certains auteurs découverts à l’occasion ou conseillés par un camarade, un libraire ou autre.

J’avais lu ceux qui me semblaient raconter des histoires valant le détour et ayant eu les honneurs d’une adaptation télévisée voire cinématographique. Ayant quitté le monde des lectures prescrites, j’avais adopté la lecture de magazines, plus particulièrement des pages littéraires, pour trouver de nouveaux romans, de nouveaux univers à explorer. Je passais d’un genre à un autre sans réelle exclusivité. Mais l’étau se resserrait. Les intrigues que je prisais commençaient à avoir quelques points communs même si je continuais, continue et continuerai à butiner ici et là.

Une certaine noirceur, une certaine connexion avec la réalité, une envie de se coltiner avec le monde tel qu’il existe sans naviguer dans un univers éthéré, loin de la société. Une noirceur nous présentant notre monde, nos semblables tels qu’ils sont réellement et pas tel qu’on voudrait qu’ils soient… Cette noirceur me paraît plus proche de ce que nous côtoyons tous les jours. Même si, bien sûr, je continue à chercher dans les livres de l’évasion… mais une évasion plus ancrée dans ce que je connais ou ce que je crois percevoir.

 

Au long de mes pérégrinations littéraires et de mes recherches d’avis pouvant m’aiguiller vers de nouveaux auteurs, un média a petit à petit prit de l’importance. Un média reposant sur des outils en plein développement et qui s’interconnectaient de manière de plus en plus efficace. Un média qui me donnait accès à plein de monde, à une multitude de sensibilités.

Je m’y suis mis, j’ai accepté de m’y fier en gardant toujours à l’esprit que c’était un nouveau moyen pour m’aider à me forger des opinions ou à garnir ma bibliothèque.

M’étant penché sur différents sites plus ou moins spécialisés, plus ou moins orientés, je me fixais sur quelques uns d’entre eux qui avaient tous pour point commun une certaine littérature. De manière assez surprenante. Une même littérature et une même ouverture tellement les cases dans lesquelles on range telle ou tel peuvent être souvent plus proches de cages.

Je m’y suis fixé en tant que simple visiteur puis j’ai franchi un nouveau cap, je profitais des avis des autres, pourquoi ne pas commencé à donner le mien à ceux qui voudraient bien l’entendre. Mon choix s’est porté sur un forum où j’ai croisé des tas de personnes intéressantes, des lecteurs mais aussi des traducteurs, des blogueurs ou futurs blogueurs, ou encore de futurs créateurs d’association œuvrant dans le domaine plus particulier qui nous est cher. Parmi ces lecteurs, certains se sont trouvés être également des auteurs… Et parmi eux, vous l’aurez compris, il y avait le grand Colize, le beau Colize, sans cheval et sans chapeau, mais avec un pseudo qui aurait pu laisser penser…

 

Sur ce forum des concours de nouvelles étaient proposés et c’est à cette occasion que j’ai lu la prose de Paul Colize pour la première fois. Il m’aura fallu plus de temps pour lire un roman du monsieur, mais, depuis que j’ai commencé, c’est à chaque fois un plaisir de me plonger dans ce qu’il nous propose

 

J’y reviens incessamment sous peu.

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12 juillet 2011 2 12 /07 /juillet /2011 17:45

J’aborde un auteur, romancier, moins connu que ceux que j’ai jusqu’ici évoqués. Mais, comme les précédents, je l’aborde parce que ses romans me plaisent. Ces romans et sa démarche de romancier. Ce n’est pas un grand du roman noir ou du polar, ou pas reconnu comme tel en tout cas, mais c’est un auteur intéressant. Un honnête artisan quand il existe quelques faiseurs industriels beaucoup moins dignes. Mais j’y reviendrai…

En abordant un auteur moins installé que ceux dont j’ai jusqu’ici parlé, je m’attendais à une certaine discrétion sur la toile… et pourtant, Paul Colize y est bien présent. Si vous voulez en savoir plus sur lui, vous pourrez en apprendre déjà pas mal en ligne. C’est d’ailleurs comme ça que j’ai d’abord entendu parler de lui.

 

Que retenir de cette présence sur la Toile ?

Tout d’abord, quelques portraits permettant de se familiariser avec l’auteur et son œuvre. Paul Colize a les honneurs de Wikipédia (eh oui !), comme quoi, l’encyclopédie collaborative permet de connaître quelques tenants d’une littérature populaire peu accessible ailleurs. Vous pouvez également le croiser sur une page de MaBibliothèque, au travers d’un article signé Sheherazade. Il est aussi évoqué sur le site k-libre, outre une courte présentation, l’actualité de l’auteur est également accessible, ce qui n’est pas sans intérêt. Pour continuer avec les portraits, deux autres me paraissent à citer, celui de son éditeur, collectif d’auteurs dynamique et ô combien recommandable, je parle de Krakoën, bien sûr ; et enfin, last but not least, celui de Pol’Art Noir, l’un des plus anciens à ma connaissance mais toujours bon à consulter.

Ces différentes pages en ligne vous permettront également d’aborder son œuvre, de faire connaissance avec ses romans. Pour les approcher un peu plus, ses romans, deux liens en proposent une présentation différente, le premier se trouve sur un forum où des écrivains et leurs lecteurs peuvent se rencontrer, Polar d’eux ; le deuxième est celui de la petite maison d’auto-édition qui a d’abord proposé la prose de Colize, une passion.

Enfin, pour être complètement familier du romancier, deux autres angles finiront d’aiguiser votre curiosité. Le premier est, tout simplement, de lire quelques lignes de l’auteur belge, ceci est possible au travers de deux sites, Polar Noir (à ne pas confondre avec l’autre), qui propose une de ses nouvelles, Tony et moi, et celui de la toute jeune maison d’édition Ecorce proposant, cette fois en téléchargement, un recueil de nouvelles dont l’une est du monsieur qui nous intéresse pour le moment (les autres nouvelles peuvent également être un régal pour les curieux !). Le deuxième angle permettant de cerner plus précisément le romancier dont je parle est de lire deux entretiens qu’il a accordés, l’un à Pol’Art Noir, l’autre à Polar Noir ( !).

 

Si avec ça, vous ne savez toujours pas qui il est ou ce qu’il écrit (voir sa bibliographie), je vous en reparle dans pas longtemps. Ce sera cette fois mon point de vue perso, avec ce qu’il peut valoir…

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