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27 septembre 2014 6 27 /09 /septembre /2014 14:55

L'heure du déménagement a sonné.

Après quelques semaines de réflexion puis de migration vers un autre hébergeur, Moeurs Noires se poursuit ailleurs, chez Wordpress.

En espérant vous y retrouver prochainement, je termine les derniers aménagements.

A bientôt.

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26 août 2014 2 26 /08 /août /2014 08:51

Vous l’avez constaté chez d’autres ou ici, la publicité a fait son entrée sur les blogs gratuits hébergés par Overblog.

Elle a fait son entrée sans qu’il ne me soit laissé le choix. Soit j’accepte, après tout je suis hébergé gratuitement et qui peut m’assurer que, chez d’autres hébergeurs, la pub ne fera pas son entrée prochainement ? Soit je n’accepte pas et je m’en vais vers une autre plate-forme… Soit je paie et je pourrai alors décider de la présence des pubs sur mon blog. Soit j’arrête, tout simplement. Mais pour l’instant, je profite d’un service gratuit et je n’ai pas mon mot à dire sur les évolutions décidées par mon hébergeur.

Personnellement, je ne suis pas favorable au fait de servir de support à la prose publicitaire. Je pourrais installer adblock sur mon ordinateur et fermer les yeux sur les inconvénients rencontrés par mes visiteurs mais je ne veux pas servir de support aux marchands en tout genre. D’un autre côté, je ne veux pas non plus payer pour avoir une place, une toute petite place, sur la grande toile. Je ne gère pas un commerce en ligne et mon blog reste confidentiel… et je me demande si en changeant d’endroit je ne vais pas de nouveau connaître cette drôle de surprise de voir mon blog soudain livré aux marchands de soupe ou de savon.

 

Je réfléchis, en continuant à lire des bouquins, et d’ici quelques jours ma décision sera prise…

A bientôt, peut-être.

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2 juillet 2014 3 02 /07 /juillet /2014 15:55

Il y a quelques semaines est paru le dernier roman en date de Paul Colize, L’avocat, le nain et la princesse masquée. Après La troisième vague, Back up et Un long moment de silence, Colize renoue avec une veine qui avait été la sienne avant. Une veine plus légère, un roman jouant avant tout sur le rythme et les rebondissements mais où l’humour du romancier peut également s’épanouir. Cet humour mis en sommeil lors des dernières intrigues qu’il a écrites. Hugues Tonnon pourrait être un cousin du Laurent Baltard de Sun Tower ou d’Antoine Lagarde, croisé dans Le valet de cœur ou Le baiser de l’ombre. Comme nombre de personnages principaux chez Colize, il pourrait même être Colize lui-même.

 

Hugues Tonnon est avocat à Bruxelles. Il est spécialisé dans les divorces. Contrairement au Milo Milogradovitvh de Crumley, la légalisation du divorce par consentement mutuel n’a pas tari son gagne-pain, bien au contraire, il en vit plutôt pas mal. Il faut dire qu’il agit pour le bien de ses clients, essayant de gagner ce qui s’apparente à un combat, une L'avocat, le nain et la princesse masquée (Manufacture delutte économique, pour obtenir le plus d’argent possible, ou en perdre le moins… Il est sans scrupule et, à défaut d’être devenu l’avocat pénaliste qu’il rêvait, il s’est fait une réputation en attisant les différends entre futurs ex-conjoints.

Le secret de ma réussite ne tenait pas à ma bonne connaissance des rouages de la justice belge, mais plutôt à la mise à profit des lacunes du Code civil et des vides juridiques.”

La réputation d’Hugues Tonnon n’étant plus à faire, il attire beaucoup de monde et du beau monde. La dernière en date, en ce lundi 22 août 2011, n’est autre que Nolwenn Blackwell, le top model belge. Sa démarche n’est pas ordinaire, sur le point d’épouser un riche capitaine d’industrie français, elle a vu ce projet singulièrement battre de l’aile quand son fiancé a été surpris, par un paparazzi, en compagnie d’une stripteaseuse au bord de sa piscine. Nolwenn Blackwell veut casser la réputation de son ex-futur mari et obtenir de lui un maximum. De fil en aiguille, l’entretien professionnel entre l’avocat et sa future cliente se poursuit au restaurant et s’achève dans l’appartement de cette dernière de manière assez torride. Malheureusement, le lendemain, Tonnon est réveillé par la police belge, la top model a été assassinée et il est le dernier à l’avoir vu vivante… L’avocat est dans de sales draps, d’autant que l’enquête est menée par un flic du nom de Witmeur dont il a défendu l’épouse lors de leur divorce.

 

Hugues Tonnon est emporté dans une spirale qui va le conduire à Paris puis en Afrique du Sud, à Casablanca et Alger. Un avocat en perdition. Un avocat qui mène l’enquête, à la première personne, faux-coupable comme d’autres avant lui (chez Hitchcock ou chez Colize).

Notre attachement aux lois n’était qu’un masque au travers duquel nous cherchions à comprendre les motivations de ceux qui les transgressaient. Lorsque nous plaidions, nous nous couvrions de nos atours, robe, cravate, et nous nous dissimulions derrière nos belles phrases et nos manœuvres de séduction. Nous ne faisions pas les lois mais nous étions là pour les interpréter et les faire appliquer. Lorsque la tension et le stress diminuaient, nous aimions retrouver l’être amoral qui sommeillait en nous. A notre tour, nous transgressions les règles pour nous vautrer dans l’inconduite et l’intempérance.

Comme souvent chez Colize, l’intrigue s’enrichit de voyages ici ou là, de rencontres plus ou moins improbables entre des personnages pas toujours bien assortis. Ainsi, l’avocat est accompagné à partir d’un moment par une journaliste française, Christelle Beauchamps, s’amusant de ses manies de vieux garçon et de ce vocabulaire de prétoire, quelque peu ampoulé, qu’il a fait sien.

L’univers de l’écrivain se rappelle à nous au travers de tableaux de Klimt ornant certains murs, de choix musicaux baignant l’atmosphère de l’intrigue débutante. Rejoignant Sun Tower qui était, de mon point de vue, un hommage à un certain cinéma, notamment celui de Sir Alfred Hitchcock, la référence est ici explicite au travers des titres de chapitre qui ne sont plus les derniers mots de celui-ci mais des titres de films célèbres.

Colize évolue et, pour cela, il adopte ce ton léger qui était le sien quelques années auparavant. Un ton léger au service d’une intrigue documentée, comme d’habitude, et soulevant quelques questions qu’il est bon de se rappeler en ces temps de coupe du monde footballistique… Un roman en plein dans l’actualité. Et ancré dans son époque, la relation entre un top model et un capitaine d’industrie plus petit qu’elle en rappelant une autre…

 

En refermant les pages, on peut se dire qu’il s’agit là d’un roman mineur, un roman mineur dans la bibliographie de Paul Colize. Mais c’est un roman qui atteint son but, nous distraire, nous faire passer quelques bons moments de lecture en nous faisant sourire. Un roman qui n’a pas la force et l’impact de ceux que je citais plus haut mais qui s’inscrit parfaitement dans l’œuvre du romancier et qui, même parmi ses intrigues plus légères, montre une qualité en constante progression.

 

On ne peut exiger d’un écrivain qu’il se livre constamment, comme Colize l’avait fait dans son livre précédent. Son évolution est aussi ce qui rend un auteur intéressant… avec Paul Colize, on est servis. Et son prochain livre, s’il continue au même rythme, devrait nous parvenir à la fin du printemps ou au début de l’été 2015.

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26 juin 2014 4 26 /06 /juin /2014 17:54

En 1870, l’année suivant l’ultime aventure de Lecoq, Gaboriau écrit et fait paraître son roman suivant, La vie infernale. Comme pour les précédents, on le lit d’abord dans “Le petit journal” puis aux éditions Dentu.

Pour passer à autre chose, s’évader de la série qui l’a rendu célèbre, Gaboriau n’abandonne pas son univers. Il convoque dans cette nouvelle fiction deux des protagonistes de son œuvre la plus singulière dans la série des Lecoq, Les esclaves de Paris. La présence de ces deux personnages secondaires nous éclaire sur le sujet de sa nouvelle œuvre, un coup monté mis en place et destiné à flouer des innocents par appât du gain, de cet argent qui fait tourner La vie infernale Partie 1 (Dentu, 1869)les têtes depuis bien des années. Un coup monté avec secrets inavouables à l’appui, dans cette aristocratie dont Gaboriau est devenu le spécialiste.

 

L’histoire débute avec le retour de comte de Chalusse dans son hôtel particulier. Un cocher donne l’alerte, le richissime comte est au plus mal, les domestiques l’emportent dans son lit. On va chercher un docteur, même si la vie de l’homme semble bel et bien en train de s’achever. Mlle Marguerite, l’autre maîtresse de maison, le veille.

Informé par Victor Chupin de l’événement, le Victor Chupin que nous avions déjà croisé dans le roman précédent, Monsieur Lecoq, Isidore Fortunat, homme exerçant le métier de prêteur, est affolé. L’affaire qu’il montait avec le marquis de Valorsay paraît bien mal embarquée. Pourtant, même le marquis avait mis toutes les chances de son côté, allant jusqu’à se débarrasser d’un rival, Pascal Férailleur, au moyen d’un plan qui affole jusqu’à Fortunat, pourtant peu porté sur la morale.

Mais Fortunat a plus d’une corde à son arc, outre le métier de prêteur, il s’est également fait chasseur d’héritage et c’est en le découvrant que l’on comprend pourquoi il se rend au-delà de la barrière, chez les Vantrasson dont la femme fut la domestique du comte. Il apprend ainsi l’histoire de la sœur du comte, disparue il y a bien des années, dans la honte…

La morale est mise à mal par Fortunat et Valorsay, aidés en cela par un certain Fernand de Coralth. On assiste notamment à une exécution particulièrement efficace, une exécution mettant à bas une réputation tout juste en train de se faire… L’appât du gain ne va pas avec l’honnêteté et certains milieux, certains cercles se révèlent plein de pouvoirs pour jeter au ban de la société des innocents bien trop naïfs. Parmi eux, celui qui se réunit pour jouer chez Lia d’Argelés, demi-mondaine.

On eût dit qu’on célébrait dans ce salon les rites bizarres de quelque culte mystérieux. Le jeu n’est-il pas une idolâtrie consacrée par l’estampille du valet de trèfle, dont les cartes sont le symbole, qui a ses images et ses fétiches, ses miracles, ses fanatiques et ses martyrs.

 

Pascal et Marguerite, les deux personnages qui donnent son sous-titre à la première partie du roman, sont bien mal embarqués. L’un ayant perdu sa réputation naissante, l’autre son tuteur et la fortune dont certains la voyaient déjà hériter. Mais les alliances sont bousculées par les événements et quelques personnages se montrent prêts à les aider, un juge de paix, un baron joueur invétéré, … A cela s’ajoute une certaine force de caractère et de sentiments. La vie infernale Partie 2 (Dentu, 1869)Nous assistons à la redistribution des cartes et à la lutte qui se met en place puis est livrée.

La Sûreté n’a pas sa place dans le roman. Les motivations des personnages, l’explication de l’histoire, ne peut plus se faire au travers d’un retour en arrière, comme dans les opus précédents. Cette fois, Emile Gaboriau nous les livre au gré de l’intrigue, sous la forme de confidences ou de brève évocation du passé des personnages. Pour les familiers de l’œuvre du romancier, certains personnages n’ont pas besoin d’être approfondis, tant nous les avons précédemment suivis… tant nous connaissons les tristes motivations qui les guident.

Un Parisien qui aurait l’absurde prétention de ne donner la main qu’à des irréprochables risquerait certains jours de se promener des heures entières sur le boulevard sans trouver l’occasion de sortir ses mains de ses poches.

Nous sommes en terrain familier, nous connaissons ces personnages qu’on nous décrits car ils sont mus par les mêmes préoccupations que leurs prédécesseurs dans son œuvre.

Gaboriau a évolué, peut-être lassé comme je l’avais été par une construction trop systématiquement identique de ses intrigues. Il développe cette fois son histoire de manière plus linéaire, la deuxième partie, qui jusque là consistait en un long retour sur ce qui avait précédé les événements racontés en première partie, n’est plus une justification mais le lieu de l’affrontement amené par la première partie. Il n’y a plus d’enquête mais la vaste descente, la déchéance, de personnages sans scrupule. Et la lutte de ceux qui sont purs et victimes. Les points de vue alternent et donnent un autre rythme à l’intrigue. Le temps devient extensible, semblant durer deux jours pour les uns et plusieurs semaines pour les autres. En passant d’un personnage à l’autre, d’un point de vue à l’autre, nous effectuons quelques retours en arrière et voyons un événement sous un autre angle. Nous le comprenons mieux que les divers protagonistes… La galerie de personnages est riche et intéressante.

Bref, c’est un roman plein de vie, parfois surprenant, digne de ces romans dits populaires et qui paraissaient dans les journaux, en épisode, tout comme ceux qui sont devenus des classiques, étudiés pour les examens et par les universitaires. C’est un roman qui précède les romans policiers classiques et dont le suspens n’est pas la préoccupation première de l’auteur, ainsi, le dénouement est rapide, quelques pages. Il est vrai que sa préparation nous a été si bien décrite qu’on le connait déjà avant de l’avoir lu…

 

Gaboriau invente encore, approfondit ce genre dans lequel il s’est engouffré depuis L'affaire Lerouge. Et il continue toujours au même rythme, celui des parutions du Petit Journal. Dans lequel son roman suivant, La clique dorée, va être également publié.

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8 juin 2014 7 08 /06 /juin /2014 10:03

Je ne pensais pas faire une pause et voilà qu'elle se prolonge...

Quelques lectures hors fiction et hors sujet m'ont occupé et ce qui ne devait être qu'un petit accroc dans mon rythme déjà léger prend de l'ampleur.

J'en profite pour refaire le plein, pas de nouvelles lectures mais de celles que j'ai envie d'évoquer ici et par les auteurs dont il me semble intéressant de parler. Il y en a encore beaucoup, on n'en fera pas le tour, mais il faut que j'approfondisse ma connaissance de James Crumley, Jim Thompson, David Goodis, que je revienne voir du côté de quelques européens comme Ted Lewis, de quelques français aussi, Claude Klotz, ADG, Daeninckx et d'autres... Des relectures en perspective.

J'irai sûrement également vers d'autres romanciers non estampillés noirs mais que j'apprécie... On n'en a pas fini car il y a aussi ceux déjà présents sur le blog et qui viennent de sortir un nouvel opus ou qui ne vont pas tarder à le faire.

 

A dans pas longtemps...

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11 mai 2014 7 11 /05 /mai /2014 16:11

En 2012, Poisoned Press publie la suite des aventures du Chauffeur, celui de Drive, ça s’intitule Driven et c’est toujours écrit par James Sallis. Le roman paraît de ce côté-ci de la planète en 2013, traduit par Hubert Tézenas aux éditions Rivages.

 

Six ans ont passé depuis les événements précédents. Six ans d’une autre vie, aux côtés d’Elsa. Et cette vie est soudain anéantie. Deux hommes attaquent le Chauffeur et c’est Elsa qui meurt. Sans avoir le temps de s’attarder, il doit se planquer pour ne pas subir le même sort, des hommes le poursuivent et quand ils tombent, d’autres apparaissent. Il n’a plus le choix, il doit comprendre.

Driven (Rivages, 2012)Nous descendons de gens qui ont fui – et de gens qui se sont battu. Le tout est de savoir quand faire quoi.

Epaulé par Felix, l’ancien marine, conseillé par Manny, le scénariste, il reprend certaines habitudes. Se rendre invisible. Mais ça n’est pas si simple. Trouver l’outil qui lui convient, le seul qu’il maîtrise parfaitement. Ce sera une Fairlane. Elle n’a l’air de rien et c’est ce qu’il veut, il la prépare comme il veut dans un garage où il rencontre Billie, une étudiante en droit, aussi douée que lui pour la mécanique.

Il est temps de remonter la piste…

Et il arpente les rues de Phoenix et des environs, des endroits que nous avons l’impression de connaître après la lecture du Tueur se meurt, par exemple, surtout quand certains chapitres s’éloignent un moment du Chauffeur pour s’intéresser à un homme, Bill, vivant dans une maison de retraite. Une alternance qui en rappelle d’autres.

La familiarité ressentie alors n’est peut-être pas dans les lieux en eux-mêmes mais dans cet univers, cette atmosphère, que Sallis a su créer au fil de ses romans. Un univers qui cherche à capter le nôtre.

Les grandes idées, voilà ce qu’on nous apprend à l’école. Que ce sont les grandes idées qui font avancer l’humanité. En vieillissant, tu te rends compte qu’aucune nation n’a été formée, ni aucune guerre livrée au nom de grandes idées, tout ça n’arrive que parce que les gens ne veulent pas que les choses changent.

 

Comme pour la première aventure du Chauffeur, c’est un roman court qu’a commis James Sallis. Un roman court et rythmé de chapitres qui le sont tout autant.

Le Chauffeur, qui avait comme nom Paul West avec Elsa, devient Huit pour Billie. Et ce qui lui tombe dessus l’oblige à avancer. Après s’être posé la question de la grâce, cette fois, c’est celle du choix qui prédomine. Manny a son avis sur la question :

Libre-arbitre, mon cul. Ce en quoi on croit, les livres qu’on porte aux nues – même la musique qu’on écoute, putain -, tout ça est programmé, mon gars, marqué au fer de l’hérédité, de l’environnement, de ce à quoi on a été longtemps exposé. On s’imagine qu’on fait des choix. Mais la réalité, c’est que les choix nous rattrapent, se plantent sous notre nez et nous fusillent du regard.

Le Chauffeur n’a pas fait beaucoup de choix, il n’en fait toujours que très peu, volant juste sous les radars, se laissant porter par les courants d’air ascendants. Ou descendants. Et pour l’heure, ils sont surtout descend     ants. Aucune planque n’est sûre, la moindre voiture peut être en train de le filer, les lieux déserts ne le sont pas.

Et James Sallis ne nous laisse pas le temps de réfléchir, les chapitres s’enchainent, le style est toujours aussi prenant, si agréable qu’il pourrait peut-être nous raconter n’importe quelle histoire. Le Chauffeur ne se contente pas de subir mais même quand il ne subit pas se pose la question du choix.

Quelle est la part de choix dans ce que nous faisons dans la vie, dans ce que nous pensons, et celle de ce qui nous tombe simplement dessus ?

 

On aurait pu redouter cette suite. La question se posait de savoir ce qui la motivait, ce qui la justifiait. Mais le doute est bien vite effacé, oublié. Pour un moment de lecture savoureux, quelques instants trop brefs pour patienter jusqu’au prochain roman de James Sallis.

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27 avril 2014 7 27 /04 /avril /2014 17:26

En 2011, paraît aux Etats-Unis The killer is dying de James Sallis. Il est publié quatre ans après le précédent, Salt River et nous arrive deux ans plus tard, l’année dernière, traduit par Christophe Mercier et Jeanne Guyon sous le titre, somme toute logique, Le tueur se meurt. Venant enrichir une bibliographie plus importante que celle que son éditeur cite, Sallis n’ayant pas été édité seulement chez Rivages mais également par Gallimard.

 

Le roman s’ouvre sur le réveil d’un personnage. Il lui faut un peu de temps pour savoir où il est, lui qui a dormi dans tant d’endroits différents, qui a tant écumé. Il lui faut du temps pour se retrouver, savoir où il est et quand il est, une recherche du temps perdu au XXIème siècle. Chrétien est dans un motel bas de gamme à Phoenix, Arizona. Il guette un Le tueur se meurt (Rivages, 2011)homme depuis quelques jours. Chrétien est sous contrat. Mais il est également vieillissant, sous cachets, et ses souvenirs affluent, occupant son esprit autant que ce contrat sur lequel il devrait fixer toute son attention.

Pendant si longtemps, le temps n’avait eu pour lui aucune signification, un jour était comme un autre, les années à peine plus qu’un chaos de saisons qui passent. Maintenant, le temps se solidifiait autour de lui.

Jimmie se réveille en pleine nuit. Pour ne pas perdre ces minutes d’éveil, il règle quelques factures. Jimmie est seul dans sa maison, sans son père ni sa mère, un enfant tentant de survivre grâce aux moyens qui lui sont offerts et qui lui permettent de donner le change, Internet et son commerce notamment.

Sayles est flic. Sa femme n’est pas au mieux mais il n’en parle pas, même pas avec son coéquipier, Graves. Il travaille, passe ses journées à enquêter, rentre chez lui pour prendre soin de cette épouse qui ne parvient plus à s’adapter au monde…

Trois solitudes à Phoenix, Arizona.

Trois solitudes naviguant entre rêve et réalité. Les songes des trois personnages les accompagnent, les troublent, nécessitent un réajustement permanent pour ne pas les éloigner de la réalité. Les songes les relient, proposant la réalité des autres parfois, comme une passerelle entre eux.

La Toile, celle sur laquelle nous naviguons, celle qui vous permet de lire cette chronique, est également un élément important. Pour le commerce de Jimmie et celui de Chrétien, pour les recherches de Sayles et de Graves. Un lien qui devrait exister également dans la réalité…

 

James Sallis nous décrit ses personnages, leur réalité, leurs pensées, dans un style ciselé, précis, fluide et simple. Il nous captive, nous tient, avec des petits riens, dans des vies finalement banales, même si les trois personnages sont en marge. Chacun à sa manière. En marge pour mieux souligner la réalité d’une société dans laquelle il est difficile de s’y retrouver. De s’intégrer. Une société qui crée ces solitudes. Et les souffrances qui vont avec.

… pour bien des gens, la souffrance est comme la faim, […] on en parle souvent, mais […] on la ressent rarement, si même on la ressent jamais.

James Sallis nous décrit ces personnages en marge en insistant sur leur humanité, leurs questionnements, en cherchant comment nous en sommes arrivés là. Faisant parler une blogueuse et glissant sous ces doigts quelques maximes ou sentences obsédant ses personnages.

Vous êtes coincés, prisonniers de votre langage, otages de votre obsession de comprendre.

Les théories mènent votre monde, et elles vont le détruire.

 

C’est un roman marquant, d’une grande qualité, dans lequel on retrouve les thèmes chers au romancier, ceux qui avaient notamment parcouru la série ayant Lew Griffin comme personnage prépondérant. Notre rapport au temps, notre rapport au monde…

 

La même année, un peu plus tard, James Sallis renoue avec son héro sans nom, le Chauffeur de Drive.

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22 avril 2014 2 22 /04 /avril /2014 11:06

En 1931, un an après Le faucon Maltais, paraît le quatrième roman de Hammett, The Glass Key. Il ne lui faut qu’une année pour traverser l’Atlantique, publié par Gallimard et traduit par P.J. Herr, il devient La clé de verre. Il subira ensuite une révision pour l’adapter à la “série noire” avant d’être traduit de nouveau par Pierre Bondil et Nathalie Beunat, en 2009, de manière plus fidèle au texte original.

 

Ned Beaumont travaille pour Paul Madvig. Ce qu’il fait n’est pas clair. Il transmet les messages, conseille l’homme d’influence, celui qui règne sur la ville et ses élus. Il est ce que l’on pourrait appeler son lieutenant, son conseiller La clé de verre (Gallimard, 1932)stratégique. Mais dès le début du roman, Beaumont découvre un cadavre, celui de Taylor Henry, le fils du sénateur soutenu par Madvig. Le frère de celle sur laquelle Madvig a des vues. En cette période de campagne électorale, ce meurtre n’arrive pas au bon moment, si tant est qu’il y en ait un, de bon moment, pour ce genre de chose. Ned Beaumont ne voit pas l’événement d’un bon œil, d’autant moins que son bookmaker a justement déménagé précipitamment la nuit du meurtre, parti avec les gains de Beaumont, les premiers depuis un certain temps. Car Ned Beaumont comme il se définit finalement est “un joueur professionnel et un parasite accroché aux basques d’un homme politique.

La disparition de Taylor Henry perturbe Madvig, l’assassiné était l’amant de sa fille, Opal. L’imbroglio sert son adversaire, Shad O’Rory, celui qui veut prendre le pouvoir sur la ville. La lutte est serrée et devient âpre. Beaumont s’y implique beaucoup, avançant en première ligne, prenant les coups, parant les attaques qui pourraient déstabiliser son patron… A cela viennent s’ajouter des lettres anonymes, des doutes du côté des édiles, des règlements de compte qui embrouillent une histoire déjà pas simple.

 

Alors que l’intrigue avance, les questions se font pressantes. Quelles sont les réelles motivations de Ned Beaumont ? Pourquoi fait-il tout cela ? Un instinct auto-destructeur serait-il la seule explication ?

Les ellipses deviennent une marque de fabrique pour Hammett, il passe d’une scène à l’autre, d’un rebondissement à l’autre sans nous ménager de temps de repos, de temps de récupération. A nous et à son personnage principal qui, bien que vu de l’extérieur, est de toutes les pages. L’histoire n’est pas racontée à la première personne mais c’est tout comme. Ned Beaumont est un dur-à-cuire, un homme que rien n’effraie, ni les coups, ni les menaces, ni le mensonge et la manipulation. Un homme au final difficile à cerner, plutôt antipathique.

C’est sûrement l’un des aspects déstabilisant de l’intrigue, cette impossibilité à être en empathie avec l’un des personnages. Difficulté qui m’a poussé à me questionner sur ce qui faisait avancer Beaumont, ce qu’il avait dans la tête. Mais le propos d’Hammett est justement là, ne pas expliquer ses personnages, juste décrire ce qui leur arrive. Et c’est, pour la première fois, ce qui m’a empêché d’apprécier pleinement ce roman. En effet, Hammett y va à fond, Beaumont est antipathique, c’est celui que nous suivons et nous ne savons pas ce qui le motive. Ceux qu’il croise sont dans la même situation que nous, se demandant s’il est juste un type qui aime prendre des coups, qui les cherche…

 

C’est un roman de Dashiell Hammett qui m’aura finalement marqué. Mais pas pour les mêmes raisons que les précédents. Là où j’avais vu des bouquins particulièrement réussis dans les trois premiers, j’ai eu l’impression que l’on touchait aux limites de ce qu’Hammett apportait à la littérature. Aux limites d’un genre qu’il a fortement contribué à créer. La simple description, froide et sans affect, d’événements ne m’a pas suffi à entrer dans l’intrigue, à m’y laisser prendre, comme ce fut le cas auparavant…

Mais peut-être touche-t-on là à mes limites de lecteur.

 

Après La clé de verre, Hammett n’a plus écrit qu’un autre roman, L’introuvable, avant de se tourner vers d’autres moyens d’expression, le cinéma notamment.

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13 avril 2014 7 13 /04 /avril /2014 15:00

Le troisième roman d’Hammett paraît en 1930 et s’intitule The Maltese Falcon. Il nous parvient en France en 1936, traduit par Henri Robillot, d’abord sous le titre Le faucon de Malte puis Le faucon Maltais. C’est le dernier roman d’Hammett traduit en français alors qu’il est paru dans la continuité des deux précédents aux Etats-Unis, l’année suivant leur parution.

 

Le personnage principal a un nom, Sam Spade, détective dans sa propre agence, associé à Miles Archer, et l’histoire nous est racontée à la troisième période, autant de changements par rapport aux deux premiers.

Le Faucon Maltais (Gallimard, 1930)Une femme entre dans l’agence de Spade et son associé, elle veut que l’un des deux retrouve sa sœur, séduite par un homme, Thursby, avant que leurs parents ne s’aperçoivent de son absence. Mademoiselle Wonderly paie une avance qui achève de convaincre les deux hommes… Mais l’affaire va aller de rebondissement en rebondissement, le premier d’entre eux étant la mort d’Archer. Une histoire qui trouve ses origines au temps des croisades et des chevaliers de l’ordre de Malte est venue échouer à San Francisco et Sam Spade et sa secrétaire, Effie Perine, sont au beau milieu d’une lutte entre les différents protagonistes pour s’accaparer une mystérieuse statuette. Il y a Joe Cairo, le Levantin, Gutman, le Gros et Wilmer, le petit jeune. Mais il y a aussi une série de meurtres en cascade, une femme trop séductrice, un bateau et son capitaine, une police qu’il faut sans cesse berner… Et un privé particulièrement dur-à-cuire, violent, maître de ses nerfs quelle que soit la situation, efficace et sans scrupule. Sam Spade, dont le nom signifie bêche en anglais, remue la boue.

 

Dashiell Hammett exploite à fond cette nouvelle narration adoptée. La troisième personne lui permet de se détacher de son personnage principal, de moins nous confier ces pensées et d’évoluer encore.

Le début du deuxième chapitre est un exemple dans ce qu’Hammett a pu apporter au roman en général et au noir en particulier. L’action est décrite de manière clinique, ultra objective. Les objets commencent par être indéfinis pour devenir ceux de leur propriétaire. L’action est également indéfinie, une conversation au téléphone ne nous offre que les répliques de celui qui répond, ce qu’on lui annonce restant implicite… Et malgré tout, on comprend rapidement ce qu’il en est. On comprend ce qu’il en est tout en sentant le suspens monter. Un suspens que l’écrivain ne tend pas à son maximum, qu’il ne laisse pas prendre le dessus, son propos restant de nous offrir une intrigue sombre, où chacun lutte pour son salut, pour l’argent en même temps que sa survie.

Il joue également de l’ellipse, laissant son détective loin de nous quelques heures pour qu’il nous raconte ensuite, au travers de dialogues, ce qu’il a découvert. Le jeu sur le temps n’est pas une des caractéristiques principales d’Hammett, collant habituellement à une rigoureuse chronologie, mais il s’offre ainsi des retours en arrière après des avancées rapides, analepses et prolepses.

Le style est concis, sans fioriture, très descriptif, ponctué de dialogues, seuls aperçus des pensées de chacun des protagonistes. On est que ce que l’on montre, ou ce que l’on dit, le reste ne pouvant être perçu reste en périphérie, implicite.

 

Vous l’avez deviné, c’est un roman marquant d’Hammett. Il pousse un peu plus en avant ce que les deux premiers annonçaient. Plus proche de Moisson Rouge que de Sang maudit mais portant en son sein, laissant éclore, ce que les deux autres avaient semé.

Une confirmation.

 

Deux ans plus tard, paraît La clé de verre, roman déjà en cours de parution en épisodes dans le Black Mask, au moment où Knopf éditait Le faucon Maltais. Il en avait été de même pour les précédents.

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5 avril 2014 6 05 /04 /avril /2014 18:34

En 1929, la même année que son premier roman, Moisson Rouge, paraît The Dain Curse. Il arrive en France en 1933, sous le titre Sang maudit, d’abord traduit par Marcelle Gauwin, puis, quelques années plus tard, par Henri Robillot pour la “série noire” et enfin, en 2009, par Pierre Bondil et Nathalie Beunat pour en effacer la marque et le vocabulaire propres à la série et quelque peu éloignés de l’œuvre d’origine.

Dashiell Hammett enchaîne, comme s’il y avait urgence. Il enchaine avec une histoire différente de la précédente, plus proche peut-être du roman policier tel qu’il était connu jusque là, plus proche mais proposant dans le même temps une évolution, une alternative à ce qui existait jusque là.

 

Le détective sans nom de la Continentale, celui que nous avions suivi à Personville dans le livre précédent, a hérité d’une nouvelle enquête, un vol de diamants chez les Leggett. Ces diamants avaient été confiés à M. Leggett dans le cadre d’une expérimentation, la recherche d’un moyen de les teinter. Ils ont disparu et notre narrateur, personnage Sang maudit (Gallimard, 1929)central, mène les investigations. Avec l’aide de la police, les recherches avancent vite, mais elles provoquent dans le même temps d’autres événements… Des morts, notamment.

C’est à une course contre la montre que nous assistons. Une course qui semble pourtant chaque fois perdue, le détective avançant avec un temps de retard. Il résout le problème mais d’autres apparaissent.

Le roman est en trois parties, l’autre personnage central en est Gabrielle Leggett, la fille de la famille volée, et dont le destin va de mal en pis au fur et à mesure de l’avancée des jours. L’histoire commence chez elle, dans la première partie, pour se poursuivre dans un immeuble abritant une secte dans la deuxième, et s’achever sur la côte californienne dans la dernière partie. Les trois parties ne sont pas isolées, elles sont la conséquence de la précédente, puis des précédentes. Elles s’enchaînent, se répondent et ne trouvent de résolution qu’à la fin du roman. Car une malédiction semble planer sur Gabrielle, une malédiction due à ses origines, son sang, celui des Dain.

Le détective prend des coups, mobilise ses collègues, affronte les proches de Gabrielle. Les Leggett, Madison Andrews, les Haldorn, les Fink, Harvey Whidden, … Outre ses collègues, il travaille, réfléchit, avec le marshall Cotton, le shérif, le procureur, et même son ami écrivain Fitzstephan. Mais, à chaque fois qu’une énigme est résolue, une autre apparaît, remettant en cause les solutions précédentes.

 

Après avoir affronté des collusions entre criminels et tenants de l’ordre, le détective affronte des camps qui, chacun, s’octroient un pouvoir, un droit sur Gabrielle Leggett… Et la jeune femme subit. C’est une victime que nous suivons, que suit le narrateur sans nom. Tout en étant à la recherche d’un criminel, l’intrigue tourne autour d’une recherche de solution pour la jeune femme. Entre les proches qui tombent comme des mouches, la drogue et la difficulté à trouver qui la persécute ainsi, elle trinque.

Hammett décrit Gabrielle en creux, au travers des événements qui s’enchaînent, qu’elle subit, au travers de ce qu’en disent les autres protagonistes, au travers de ce que finit par en voir son narrateur… Et une nouvelle fois, l’action présente une grande importance dans l’intrigue, même si, à la différence du précédent roman, la résolution de l’intrigue court tout au long du livre. Une nouvelle fois, le détective finit par considérer l’enquête comme une affaire personnelle, cherchant des clients pour la poursuivre, la financer, la justifier auprès de son employeur. Frôlant ou s’engouffrant dans l’illégalité quand il n’a plus le choix.

 

Après deux romans, le détective de la Continentale va être mis au repos et remplacé comme personnage principal par un certain Sam Spade dans Le faucon maltais.

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