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2 juillet 2014 3 02 /07 /juillet /2014 15:55

Il y a quelques semaines est paru le dernier roman en date de Paul Colize, L’avocat, le nain et la princesse masquée. Après La troisième vague, Back up et Un long moment de silence, Colize renoue avec une veine qui avait été la sienne avant. Une veine plus légère, un roman jouant avant tout sur le rythme et les rebondissements mais où l’humour du romancier peut également s’épanouir. Cet humour mis en sommeil lors des dernières intrigues qu’il a écrites. Hugues Tonnon pourrait être un cousin du Laurent Baltard de Sun Tower ou d’Antoine Lagarde, croisé dans Le valet de cœur ou Le baiser de l’ombre. Comme nombre de personnages principaux chez Colize, il pourrait même être Colize lui-même.

 

Hugues Tonnon est avocat à Bruxelles. Il est spécialisé dans les divorces. Contrairement au Milo Milogradovitvh de Crumley, la légalisation du divorce par consentement mutuel n’a pas tari son gagne-pain, bien au contraire, il en vit plutôt pas mal. Il faut dire qu’il agit pour le bien de ses clients, essayant de gagner ce qui s’apparente à un combat, une L'avocat, le nain et la princesse masquée (Manufacture delutte économique, pour obtenir le plus d’argent possible, ou en perdre le moins… Il est sans scrupule et, à défaut d’être devenu l’avocat pénaliste qu’il rêvait, il s’est fait une réputation en attisant les différends entre futurs ex-conjoints.

Le secret de ma réussite ne tenait pas à ma bonne connaissance des rouages de la justice belge, mais plutôt à la mise à profit des lacunes du Code civil et des vides juridiques.”

La réputation d’Hugues Tonnon n’étant plus à faire, il attire beaucoup de monde et du beau monde. La dernière en date, en ce lundi 22 août 2011, n’est autre que Nolwenn Blackwell, le top model belge. Sa démarche n’est pas ordinaire, sur le point d’épouser un riche capitaine d’industrie français, elle a vu ce projet singulièrement battre de l’aile quand son fiancé a été surpris, par un paparazzi, en compagnie d’une stripteaseuse au bord de sa piscine. Nolwenn Blackwell veut casser la réputation de son ex-futur mari et obtenir de lui un maximum. De fil en aiguille, l’entretien professionnel entre l’avocat et sa future cliente se poursuit au restaurant et s’achève dans l’appartement de cette dernière de manière assez torride. Malheureusement, le lendemain, Tonnon est réveillé par la police belge, la top model a été assassinée et il est le dernier à l’avoir vu vivante… L’avocat est dans de sales draps, d’autant que l’enquête est menée par un flic du nom de Witmeur dont il a défendu l’épouse lors de leur divorce.

 

Hugues Tonnon est emporté dans une spirale qui va le conduire à Paris puis en Afrique du Sud, à Casablanca et Alger. Un avocat en perdition. Un avocat qui mène l’enquête, à la première personne, faux-coupable comme d’autres avant lui (chez Hitchcock ou chez Colize).

Notre attachement aux lois n’était qu’un masque au travers duquel nous cherchions à comprendre les motivations de ceux qui les transgressaient. Lorsque nous plaidions, nous nous couvrions de nos atours, robe, cravate, et nous nous dissimulions derrière nos belles phrases et nos manœuvres de séduction. Nous ne faisions pas les lois mais nous étions là pour les interpréter et les faire appliquer. Lorsque la tension et le stress diminuaient, nous aimions retrouver l’être amoral qui sommeillait en nous. A notre tour, nous transgressions les règles pour nous vautrer dans l’inconduite et l’intempérance.

Comme souvent chez Colize, l’intrigue s’enrichit de voyages ici ou là, de rencontres plus ou moins improbables entre des personnages pas toujours bien assortis. Ainsi, l’avocat est accompagné à partir d’un moment par une journaliste française, Christelle Beauchamps, s’amusant de ses manies de vieux garçon et de ce vocabulaire de prétoire, quelque peu ampoulé, qu’il a fait sien.

L’univers de l’écrivain se rappelle à nous au travers de tableaux de Klimt ornant certains murs, de choix musicaux baignant l’atmosphère de l’intrigue débutante. Rejoignant Sun Tower qui était, de mon point de vue, un hommage à un certain cinéma, notamment celui de Sir Alfred Hitchcock, la référence est ici explicite au travers des titres de chapitre qui ne sont plus les derniers mots de celui-ci mais des titres de films célèbres.

Colize évolue et, pour cela, il adopte ce ton léger qui était le sien quelques années auparavant. Un ton léger au service d’une intrigue documentée, comme d’habitude, et soulevant quelques questions qu’il est bon de se rappeler en ces temps de coupe du monde footballistique… Un roman en plein dans l’actualité. Et ancré dans son époque, la relation entre un top model et un capitaine d’industrie plus petit qu’elle en rappelant une autre…

 

En refermant les pages, on peut se dire qu’il s’agit là d’un roman mineur, un roman mineur dans la bibliographie de Paul Colize. Mais c’est un roman qui atteint son but, nous distraire, nous faire passer quelques bons moments de lecture en nous faisant sourire. Un roman qui n’a pas la force et l’impact de ceux que je citais plus haut mais qui s’inscrit parfaitement dans l’œuvre du romancier et qui, même parmi ses intrigues plus légères, montre une qualité en constante progression.

 

On ne peut exiger d’un écrivain qu’il se livre constamment, comme Colize l’avait fait dans son livre précédent. Son évolution est aussi ce qui rend un auteur intéressant… avec Paul Colize, on est servis. Et son prochain livre, s’il continue au même rythme, devrait nous parvenir à la fin du printemps ou au début de l’été 2015.

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